Tourisme en France : quelles perspectives pour 2026 après le Comité interministériel du 24 juillet ?

Le tourisme reste un pilier central de l’économie française. Après une année 2024 marquée par les Jeux olympiques, le secteur confirme sa dynamique au premier semestre 2025. Dans ce contexte porteur, le Comité interministériel du tourisme, réuni à Angers le 24 juillet, a présenté une série de mesures structurantes pour renforcer l’attractivité de la France à l’horizon 2030.

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Une dynamique confirmée au premier semestre 2025

Selon Atout France, les résultats du premier semestre 2025 confirment la dynamique enclenchée depuis 2024. La fréquentation touristique reste solide, soutenue par une activité hivernale particulièrement dynamique et un bon niveau de réservations pendant les vacances de printemps. Les flux touristiques, tant internationaux que domestiques, demeurent élevés, traduisant la résilience du secteur malgré un contexte économique incertain.

Les recettes touristiques, déjà en progression en 2024, poursuivent leur hausse en 2025. Cette croissance repose notamment sur le retour marqué des clientèles nord-américaines et asiatiques, qui avaient été plus lentes à revenir sur le territoire français après la crise sanitaire. Le développement d’un tourisme plus qualitatif, valorisant les séjours longs, le patrimoine culturel et les expériences locales, contribue également à ce résultat.

Dans son bilan de mi-année, Atout France souligne que la fréquentation progresse dans toutes les régions, y compris celles historiquement moins visitées. Cette meilleure répartition de l’activité touristique est le fruit d’une stratégie nationale visant à encourager la découverte de nouveaux territoires, en lien avec les collectivités locales et les acteurs économiques.

Les décisions du Comité interministériel du tourisme du 24 juillet 2025

Réuni à Angers le 24 juillet 2025, le Comité interministériel du tourisme (CIT), présidé par le Premier ministre François Bayrou, a rassemblé plusieurs ministres, dont la ministre déléguée chargée du Tourisme, Nathalie Delattre. Cette huitième édition a été l’occasion d’annoncer plusieurs mesures attendues par les professionnels du secteur, dans le but de structurer durablement l’économie touristique française.

Simplification des formalités d’embauche

À compter du 1er janvier 2026, les employeurs du secteur de l’hôtellerie-restauration pourront utiliser le Titre Emploi Service Entreprise (TESE) pour les contrats d’usage. Cette mesure vise à faciliter le recrutement de saisonniers et à alléger les démarches administratives, tout en sécurisant juridiquement les employeurs.

Modernisation du cadre de l’emploi

Une négociation interprofessionnelle sera ouverte afin de repenser certaines formes d’emploi utilisées dans le secteur du tourisme. Le statut d’auto-entrepreneur, notamment, sera réévalué dans une logique de sécurisation des parcours professionnels, en lien avec les évolutions du marché du travail et les attentes des jeunes actifs.

Plan logement pour les saisonniers 2026–2028

Le Gouvernement a annoncé la relance d’un plan national pour les saisonniers, incluant un volet logement. Ce point constitue une priorité, les difficultés d’accès au logement étant régulièrement citées comme un frein majeur à l’attractivité des emplois saisonniers, en particulier dans les zones tendues (stations balnéaires, de montagne ou zones rurales très touristiques).

Régulation des meublés de tourisme

La généralisation de la déclaration préalable obligatoire pour les meublés touristiques est prévue à partir de mai 2026. Cette mesure s’appliquera à l’ensemble des communes françaises, via la plateforme nationale « API Meublés », conformément à la loi Le Meur – Échaniz. Elle vise à mieux encadrer les locations de courte durée, à renforcer la transparence et à éviter la concurrence déloyale avec l’hôtellerie traditionnelle.

Concertation sur la taxe de séjour

Une consultation nationale sera lancée autour de la taxe de séjour, afin d’améliorer sa gestion et sa transparence. Les organisations professionnelles souhaitent que son produit soit exclusivement affecté à la promotion du tourisme local. Cette demande, récurrente depuis plusieurs années, pourrait aboutir à une réforme de son mode d’utilisation.

Repositionnement stratégique d’Atout France

Le Comité a également annoncé la nomination d’Adam Oubuih à la direction générale d’Atout France. Sa mission sera de conduire une refonte stratégique de l’agence, en concertation étroite avec les professionnels du secteur. L’objectif est de renforcer le rôle d’Atout France dans la promotion de la destination France, en cohérence avec les nouveaux enjeux du tourisme international.

Objectif 2030 : 100 milliards d’euros de recettes touristiques

Le Premier ministre a fixé un cap ambitieux à l’horizon 2030 : porter les recettes touristiques internationales de 71 milliards d’euros aujourd’hui à 100 milliards d’euros. Pour atteindre cet objectif, cinq grands axes stratégiques ont été définis.

Une gouvernance modernisée

La gouvernance publique du tourisme doit être renforcée, avec une meilleure articulation entre l’État, les collectivités territoriales et les acteurs économiques. Il s’agit notamment de clarifier les rôles de chacun et de favoriser les coopérations entre niveaux d’intervention.

Le renforcement de l’attractivité internationale

Le gouvernement souhaite amplifier les efforts de promotion à l’international, en capitalisant sur l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Des campagnes ciblées, portées par Atout France, visent à séduire les clientèles à fort potentiel, notamment en Amérique du Nord et en Asie.

Le développement des outils de financement

Le secteur touristique pourra s’appuyer sur des outils renforcés via Bpifrance et la Banque des Territoires. Ces financements devront permettre d’accompagner les projets d’hébergement, de modernisation d’infrastructures ou encore de développement de nouvelles offres expérientielles.

Une transition écologique et numérique affirmée

Le tourisme devra intégrer pleinement les enjeux environnementaux et technologiques. Parmi les leviers : le suivi carbone des activités, l’encouragement à la digitalisation des parcours clients, la valorisation des labels environnementaux et la promotion des entreprises de la travel tech.

Une diversification de l’offre touristique

Enfin, le Gouvernement souhaite encourager la diversification de l’offre autour de thématiques comme l’œnotourisme, l’artisanat, les savoir-faire régionaux ou encore le tourisme rural. Ces formes de tourisme répondent aux nouvelles attentes des visiteurs, en quête d’authenticité et de sens.

Le tourisme représente aujourd’hui 8 % du PIB français, près de 2 millions d’emplois directs et un excédent commercial de 16 milliards d’euros en 2024. Ce potentiel justifie les efforts engagés pour structurer davantage la filière et renforcer sa compétitivité à l’échelle mondiale.

Conclusion

Ce Comité interministériel du tourisme marque une étape clé dans la structuration de la stratégie touristique nationale. En répondant à plusieurs enjeux majeurs – emploi, logement, régulation, promotion – le Gouvernement affiche sa volonté de soutenir durablement un secteur essentiel à l’économie française. La réussite de ces mesures dépendra toutefois de leur mise en œuvre concrète sur le terrain et de leur appropriation par l’ensemble des acteurs. L’année 2026 sera donc une période charnière pour observer les premiers effets de cette feuille de route ambitieuse.

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