Calculer les prix du menu de votre restaurant

Fixer le prix de ses menus est un travail délicat, qui exige bien plus qu’un simple calcul de marge. Pour garantir la rentabilité, il faut conjuguer analyse des coûts, stratégie concurrentielle, psychologie du consommateur et adaptation continue. Voici un guide complet, nourri des meilleures pratiques du secteur et des outils les plus récents, pour vous aider à définir des tarifs justes, attractifs et rentables.

  1. Maîtriser tous les coûts : la base de la rentabilité

  2. Définir la marge et le pourcentage de coût alimentaire

  3. Prendre en compte les coûts indirects et la main-d’œuvre

  4. S’appuyer sur la data et l’ingénierie du menu

  5. Ajuster ses prix selon la concurrence et la demande

  6. Intégrer la psychologie des prix

  7. Éviter les erreurs classiques

  8. Outils et ressources complémentaires

Maîtriser tous les coûts : la base de la rentabilité

Avant toute chose, il est essentiel de calculer précisément le coût matière de chaque plat. Ce coût représente la somme totale des ingrédients nécessaires à sa préparation, en tenant compte de plusieurs paramètres. Il faut intégrer le grammage exact des ingrédients, y compris les épices, condiments et garnitures souvent oubliés. Par exemple, dans un plat de lasagnes, la quantité de fromage, de béchamel ou d’huile utilisée doit être précisément mesurée.

 

Il faut également prendre en compte les pertes et chutes lors de la préparation, qui peuvent être significatives selon les techniques et les produits utilisés. Par exemple, la découpe de légumes ou la cuisson de viandes peut générer des déchets qui augmentent le coût réel des matières premières.

 

Les variations de prix fournisseurs sont un autre facteur à surveiller. En effet, les prix des ingrédients peuvent fluctuer selon la saison, la disponibilité ou les conditions du marché. Une veille régulière permet d’ajuster rapidement les calculs de coûts.

Enfin, la part proportionnelle des sauces et accompagnements doit être intégrée, car ces éléments complètent le plat et représentent souvent une part non négligeable du coût.

 

Un aspect souvent sous-estimé est le gaspillage alimentaire. Selon l’ADEME, le gaspillage représente en moyenne 10 à 15 % du coût matière en restauration commerciale. Ne pas le prendre en compte revient à perdre une part importante de la marge. Pour limiter ce gaspillage, il est conseillé de mettre en place des procédures rigoureuses de gestion des stocks, de formation du personnel et d’optimisation des portions.

 

Une erreur fréquente consiste aussi à négliger certains ingrédients ou à ne pas réévaluer régulièrement les coûts, ce qui peut réduire considérablement la marge bénéficiaire. Pour vous aider, des outils comme le calculateur de coûts alimentaires proposé par Lightspeed sont très pratiques. Ils permettent d’intégrer chaque ingrédient, de fixer la marge souhaitée et d’obtenir un prix de vente optimal.

Définir la marge et le pourcentage de coût alimentaire

La marge des coûts alimentaires correspond à la part du coût des ingrédients dans le prix de vente final. Pour assurer la santé financière, la plupart des restaurants maintiennent ce ratio entre 28 et 35 % du prix du menu, selon Lightspeed. Ce pourcentage varie en fonction du type d’établissement, du positionnement et de la clientèle ciblée.

 

Pour calculer un prix de vente cohérent, il faut diviser le coût total des ingrédients par le pourcentage de coût alimentaire que vous souhaitez atteindre. Par exemple, si un burger coûte 3,37 € à produire et que vous souhaitez que ce coût représente 28 % du prix de vente, vous divisez 3,37 € par 0,28, ce qui donne environ 12,03 €. Ce sera donc le prix de vente idéal pour assurer une marge suffisante.

 

Il est important de noter que ce ratio doit être ajusté selon la stratégie de votre restaurant : un établissement gastronomique pourra viser un coût matière plus élevé, tandis qu’un fast-food cherchera à le réduire.

Prendre en compte les coûts indirects et la main-d’œuvre

Le coût de revient ne se limite pas aux ingrédients. Il faut également intégrer les charges fixes, telles que le loyer, l’électricité, le matériel, ainsi que la main-d’œuvre (salaires, charges sociales). Ces coûts représentent souvent une part importante des dépenses d’un restaurant.

Il faut aussi penser aux frais de gestion, marketing, livraison, assurances et autres charges variables. Tous ces éléments doivent être répartis sur le chiffre d’affaires pour définir un prix de vente qui couvre l’ensemble des coûts.

Par exemple, si vos coûts directs (ingrédients) s’élèvent à 3,37 €, vos charges fixes et variables à 7 € par plat, et vos coûts de personnel à 4 €, le coût total est donc de 14,37 €. Pour être rentable, votre prix de vente devra donc dépasser ce montant.

Cette approche globale permet d’obtenir un prix de revient réaliste, indispensable pour fixer un prix de vente rentable.

Les outils de caisse modernes permettent de collecter des données précises sur la popularité et la rentabilité de chaque plat. Ces informations sont précieuses pour optimiser votre carte.

L’ingénierie du menu consiste à analyser ces données pour classer les plats selon leur rentabilité et leur popularité. Vous pouvez ainsi identifier les plats vedettes, les plats qui rapportent peu ou qui se vendent mal. Cette analyse vous permet de supprimer ou d’ajuster les plats peu performants et de maximiser la marge globale.

Par exemple, un plat très populaire mais peu rentable peut être revu pour réduire son coût matière, tandis qu’un plat rentable mais peu commandé peut être mis en avant par une promotion ou un repositionnement.

Cette démarche dynamique vous permet d’adapter en permanence votre offre et vos prix en fonction de la demande réelle des clients, améliorant ainsi la rentabilité sans sacrifier la satisfaction client.

Ajuster ses prix selon la concurrence et la demande

Comparer vos prix à ceux des restaurants similaires dans votre zone géographique est une étape incontournable pour rester compétitif. Mais il ne suffit pas de copier les tarifs : il faut analyser la valeur perçue de votre offre, qui dépend de la qualité, de l’originalité et de l’expérience client.

Lightspeed recommande d’utiliser le rapport offre/demande. Calculez la moyenne des prix proposés dans votre menu (offre) et la moyenne des prix effectivement payés par vos clients (demande). Si la demande est supérieure à l’offre, vous pouvez envisager d’augmenter certains prix. Inversement, si la demande est faible, il faudra revoir votre positionnement ou retirer des plats peu attractifs.

Cette analyse fine vous aide à ajuster vos prix sans perdre en compétitivité, en vous adaptant aux attentes et comportements réels de vos clients.

Intégrer la psychologie des prix

La perception du prix par le client est rarement rationnelle. La psychologie tarifaire est un levier puissant pour influencer la décision d’achat.

Quelques astuces éprouvées : afficher 19,90 € plutôt que 20 € crée un effet psychologique positif. Supprimer le symbole « € » limite l’effet « addition » qui peut freiner l’acte d’achat. Regrouper les plats par gamme de prix facilite la lecture et encourage souvent le client à choisir un plat dans la gamme supérieure, augmentant ainsi le panier moyen.

Éviter les erreurs classiques

Plusieurs erreurs fréquentes peuvent nuire à la rentabilité : négliger les petits ingrédients ou garnitures, oublier de réévaluer les coûts en cas de variation des prix fournisseurs, fixer des prix sans tenir compte des coûts indirects ou de la main-d’œuvre, ou encore ne pas utiliser les données de vente pour ajuster la carte.

Conclusion

Fixer les prix de son menu, c’est orchestrer rigueur comptable, analyse stratégique et sens du détail. En combinant outils numériques, veille concurrentielle et écoute client, vous maximisez vos marges tout en restant compétitif. Réévaluez régulièrement vos prix, formez votre équipe, et n’hésitez pas à exploiter les calculateurs et rapports pour piloter votre rentabilité.

 

Tags :
Tutos restos